Annie Lay, maquilleuse professionnelle depuis trente ans nous a accueilli dans son atelier et nous a ouvert les portes de son univers. Après avoir observé son travail lors d’une master class qu’elle tenait ce jour là, elle a pris le temps de nous parler de son parcours et de répondre à nos questions. Permettons nous, à présent, de mettre en lumière cette femme de l’ombre.
Annie Lay a eu la chance de débuter en travaillant pour la télévision, qui selon elle, est un énorme poste d’observation du monde de la mode et du maquillage. Cette branche de la profession s’apparentant davantage à un travail de maintenance de la beauté que de développement d’une créativité qui la guettait alors déjà.
Lorsqu’elle entame sa vie professionnelle, elle rencontre de nombreuses personnalités ; notamment Laurie Zanela, chef maquilleuse, dont elle intègre l’équipe en tant qu’assistante. Grâce à cela, elle fait ses débuts au Théâtre des Champs Elysées ou encore à l’Opéra National de Bordeaux. Cette opportunité professionnelle permet donc à Annie Lay d’intégrer le monde de l’opéra, qu’elle ne quittera plus jamais.
Si elle exerce aujourd’hui le métier de maquilleuse, Annie Lay est tout d’abord attirée par l’esthétique. Elle distingue cependant rapidement les limites de cette discipline « trop polie pour être honnête » selon elle. Certes, cela lui permet de travailler sur un support humain, mais elle ressent le besoin de transformer la réalité et c’est à travers le maquillage qu’elle va s’exprimer. Durant sa carrière, elle suit une formation de socio-esthéticienne pour enrichir son contact avec les artistes mais c’est en tant que maquilleuse qu’elle souhaite poursuivre sa voie.
À ce moment-là, la marque de produits professionnels Paris Berlin la sollicite pour travailler à l’étranger. Elle découvre alors la Russie, pays où elle intervient, toujours dans le cadre de master class à Moscou ou Saint-Pétersbourg. Quand on lui demande pourquoi, elle nous répond ceci : « les russes sont fascinants, ils sont très controversés mais restent fascinants. C’est un peuple plein d’énergie, endurant, qui a une véritable passion pour la beauté et la France. ».
Il y a une quinzaine d’années, installée confortablement dans sa carrière professionnelle, elle décide de s’engager à l’échelle locale et crée un atelier pour former au maquillage. Elle commence alors à dispenser une formation artisanale individuelle à domicile. Peu à peu, le concept évolue vers un collectif associatif nommé Atelier Maquillage – auparavant HMC Bordeaux – qui enseigne les bases du maquillage et permet de valider un projet professionnel en seulement cinq semaines. Parallèlement, Annie Lay continue ses master class pour des professionnels : conseillers en image, coiffeurs ou photographes qui veulent maîtriser les toutes premières bases de la beauté.
Aujourd’hui, elle tente de toucher aux différentes sphères qu’englobe le métier de maquilleur, avec toujours cet attrait pour le spectacle vivant : « c’est tellement dans l’instant, c’est formidable, on assiste à des choses exclusives à chaque fois » nous livre-t-elle. Chef maquilleuse à l’Opéra National de Bordeaux, elle exerce son pouvoir de transformation de la réalité sur des personnages qui prennent vie sous ses pinceaux. Grande rêveuse et éternelle insatisfaite, elle a longtemps cru que c’était un défaut. Désormais, elle sait que c’est une force, car selon elle « quelqu’un qui est toujours en mouvement, en recherche, c’est fantastique ! Dès lors qu’on estime être arrivé, c’est terminé. » ; ceci explique certainement son amour pour la scène, lieu où chaque représentation est différente et où l’on cherche constamment à se réinventer.
Nous avons demandé à Annie Lay, quels seraient selon elle, les mots qui la définiraient le mieux pour comprendre ce qu’elle fait et qui elle est. Voici ce qu’elle nous a répondu :
LE TEMPS
« Le temps qui passe, qui parfois apaise, celui qui change en passant du beau fixe à la pluie. Tout ce qui concerne le temps m’intéresse. Il est surtout devenu mon allié, j’étais très intrépide quand j’étais jeune, il me semblait toujours que je manquerais de temps. Aujourd’hui j’ai appris à être patiente. »
LA SCÈNE
« Pour moi c’est l’imprévu, le risque, la vérité, l’abandon, le partage, … Lorsqu’on est sur scène c’est un mélange de tout cela ; il y a une grosse prise de risque, un abandon de soi pour partager avec le public. Je vis derrière la scène et je la regarde toujours émerveillée. Je n’ai jamais pensé à passer de l’autre côté, j’aurai peut-être aimé être chorégraphe car j’adore écouter la musique et imaginer en même temps. »
LA PEAU
« La peau m’a toujours fascinée ; sa texture, quelle qu’elle soit, même si elle est imparfaite, m’a toujours attirée. L’enveloppe corporelle est une zone d’échange, cela évoque aussi la sensualité. On peut aussi parler d’odeur, lorsqu’on pense à une peau de bébé par exemple. Pour moi la peau, c’est comme une toile. »
LA CRÉATIVITÉ & L’IMAGINATION
« Ce sont deux mots importants, un duo indissociable et complémentaire. On ne peut pas créer sans imagination et forcément, si on imagine des choses, on va en venir à la créativité un jour ou l’autre. Je vais préférer une personne qui a une forte intelligence émotionnelle, qui sera très tourné vers la créativité et l’imagination, à quelqu’un qui aura un parcours sans fautes, complètement théorique. »
Nous remercions Annie Lay pour nous avoir donné un aperçu de son histoire et de son univers et lui souhaitons une bonne continuation dans ses projets futurs.
